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Riddim d’amour
Luc Santé
Des riddims au bleep
Matt Anniss
Techno - Autonomie !
Jean-Hugues Kabuiku
« Pionnières de la musique électronique »
Frances Morgan
Qui a changé le reggaeton ?
Wayne Marshall
Les blueswomen contre le patriarcat
Angela Davis
Riddim d’amour
Luc Santé
Émigré belge arrivé à New York au milieu des années 1950, Luc Sante a fait divers petits boulots avant de travailler au service du courrier de la New York Review of Books, dont il n’aura cessé de « détourner » des ouvrages pour son propre intérêt. De fil en aiguille, il devient chroniqueur culturel, conteur de la vie quotidienne du New York prolétaire, critique photo, éditeur pour la Library of Larceny – une collection consacrée aux vies de délinquants et d’escrocs – pour finir observateur désabusé de la gentifrication de sa ville d’élection, et professeur à quelques centaines de kilomètres au nord de celle-ci, où il a fini par déménager. Le texte que vous allez lire est extrait d’une histoire qu’il a construite en sept parties, « E.S.P. », publiée en 2020 dans son livre Maybe The People Would Be The Times chez Verse Chorus Press. En très peu de temps, Sante fait résonner ensemble la musique de General Echo, l’ambiance sociale d’un club et l’effet d’une danse. De manière fulgurante et fugace, il fait passer la vie dans la musique, comme le son d’une respiration disparue dans la nuit.
Des riddims au bleep
Matt Anniss
Join the Future de Matt Anniss est sorti chez Velocity Press en 2019 : ce livre raconte la naissance d’une certaine techno anglaise, à travers les villes de Sheffield, Leeds, Bradford et, dans une moindre mesure, Manchester. Son récit n’est pas une simple suite parfaitement construite de faits marquants racontés avec moult détails qui mettent en pâmoison les dance nerds dont nous sommes : il est surtout une proposition plus que convaincante d’histoire alternative de la house et de la techno britanniques. Aux côtés d’autres contributions récentes – comme l’histoire orale Bass, Mids, Tops de Joe Muggs – Anniss redonne toute leur importance à la diaspora caribéenne, à la culture soundsystem et à la basse, qui se localisent notamment dans les fêtes blues du Nord de l’Angleterre, avec leurs rencontres interculturelles et leurs clashs esthétiques. Les tubes « bleep » du Nord-Est de l’Angleterre, en parallèle des innovations ragga techno et breakbeat house à Londres, représentaient « la première fois que le Royaume-Uni [arrivait] avec sa propre version mutante et unique de la house et de la techno (ironiquement en y ajoutant des éléments dub reggae, dancehall, et hip-hop qui n’étaient pas d’origine britannique, mais qui ne seraient jamais passés dans le mix à Chicago et à Detroit) ». Dans cette région, les soundsystems de la diaspora caribéenne comme Ital Rockers faisaient résonner ensemble les effets psychédéliques du dub jamaïcain et les percussions alien de la house chicagoane. Dans le creuset d’un rapport intime aux diverses dance music permis par les blues, les quatre DJ-producteurs de Unique 3 allaient s’allier pour donner naissance à un style à la fois minimal et d’une puissance sonore scandaleuse, cette fameuse bleep techno qui ferait la légende du label Warp.
Techno - Autonomie !
Jean-Hugues Kabuiku
Cet article reprend et prolonge une publication en anglais au sein du média américain Dweller, qui met en avant une perspective noire sur l’histoire de la techno et la club culture contemporaine. Le site aborde des conflits locaux, à Berlin, Amsterdam, New York, Le Cap, ou Johannesbourg, notamment la discrimination, l’exclusion ou l’exploitation des Noirs et des queers dans les clubs, qu’ils soient artistes, publics ou travailleurs, ainsi que des questions plus générales comme le blanchiment de la techno et l’appropriation culturelle, le rapport entre identification noire et diaspora musicale, ou les effets du capitalisme urbain. Le texte que vous allez lire reprend et étend une réflexion qui se concentrait sur la politique culturelle pendant la crise du Covid-19 aux États-Unis et en Allemagne, afin d’entamer un dialogue international entre les scènes américaine et européenne et d’échanger des pratiques. Son auteur, le DJ, musicien et auteur Jean-Hugues Kabuiku, s’y montre passablement remonté par ce qui s’est produit ces derniers mois. Pour lui, la parenthèse vécue par le « monde de la nuit » doit permettre d’en repenser la culture et les objectifs politiques. En s’inspirant de l’histoire des luttes autonomes, et en particulier de l’opéraïsme italien, il estime qu’il est possible d’ouvrir des possibilités stratégiques plus radicales que ce que proposent actuellement les organisateurs·trices de soirées et les lobbys animés par des promoteurs. Cet article polémique, qui constitue pour nous une rare incursion dans les débats d’actualité, est loin de proposer des solutions « clés en main » par rapport aux initiatives en cours, mais il représente une position radicale d’autant plus intéressante qu’elle fait aussi écho à certains aspects de luttes récentes, comme Art en grève, ainsi qu’à la réapparition, dans l’intervalle entre l’édition de ce texte et sa parution, des actions de la Coordination des intermittents et précaires.
« Pionnières de la musique électronique »
Frances Morgan
Journaliste à Wire et Sight & Sound et chercheuse en arts (sa thèse concerne l’histoire du studio londonien EMS), Frances Morgan observe avec une précision incomparable la manière dont les médias – principalement anglais dans son cas – mettent en scène les musiciennes électroniques. Elle a déjà consacré un article brillant (« Delian Modes ») à la reconstruction de l’histoire de Delia Derbyshire et du BBC Radiophonic Workshop. Le présent texte est largement nourri par une série de travaux féministes auxquels elle en profite pour rendre hommage. Il s’attaque à la façon dont, sur le web principalement, les discours et représentations qui célèbrent rétrospectivement les « pionnières de la musique électronique » participent d’un féminisme tronqué, qui reproduit le système de domination qui avait écarté ces femmes au départ.
Qui a changé le reggaeton ?
Wayne Marshall
Dans la première partie de cette histoire du reggaeton, initialement parue en 2009 et que nous avions commencé à traduire dans notre précédent numéro, nous nous étions arrêtés sur une première tentative de crossover des musiques issues du reggae dancehall et des circulations de grooves entre Porto Rico, Panama et New York : le « meren-rap », une musique rap-reggae-merengue new-yorkaise marketée à destination des classes moyennes. Cette seconde partie en arrive maintenant au reggaeton tel qu’il a conquis les charts américains et européens, dans sa version électronique et hyper-sexualisée. Si on parle souvent d’appropriation culturelle ou de standardisation d’esthétiques locales au moment de leur popularisation, ces mouvements sont rarement décrits avec la précision qui se dessine ici, quand les collages à cent à l’heure de DJ Nelson laissent la place aux beats programmés sur FruityLoops par les Luny Tunes. Ce qu’il y a de plus précieux dans cet article est sans doute la façon dont Marshall profite de ses connaissances de musicologue, d’amateur et d’historien pour établir ce qu’il appelle une « politique culturelle » du reggaeton. Il est capable de nommer sa part de sexisme tout en parant au moralisme puritain, de dire ce qui s’est « perdu » dans ses dernières versions transnationales sans rejeter en bloc les nouvelles formes qui sont produites, de décrire la standardisation sans réinventer un passé purifié et sans en bouder les plaisirs.
Les blueswomen contre le patriarcat
Angela Davis
Angela Davis, militante communiste africaine-américaine et membre du Black Panther Party, est aujourd’hui professeure de philosophie à l’université de Santa Cruz. Nous sommes reconnaissants aux éditions Libertalia et à son traducteur Julien Bordier de nous autoriser à publier un extrait de son livre majeur bientôt republié en poche, Blues et féminisme noir, paru pour la première fois en anglais en 1999. Ce livre est passionnant à plus d’un titre, notamment comme positionnement vis-à-vis de la manière dont les intellectuels interprètent le blues et les musiques qui en sont issues – en séparant souvent le sens des paroles du style de chant, ou en y lisant à tort le reflet direct, sans élaboration, de l’expérience noire. Mais ce qui nous a intéressés dans l’extrait de chapitre que nous reproduisons dans ce numéro, c’est la façon dont il reprend le fil d’une conversation qui court à travers nos précédentes publications d’articles de Mark Fisher et Ellen Willis, et dans une moindre mesure les allusions de Wayne Marshall, dans ce numéro, à la réception des références au sexe dans le reggaeton. L’enjeu de cette discussion, c’est de savoir comment les chansons indexent, à la fois explicitement et indirectement, ce qu’il advient des relations hommes-femmes, du sentiment amoureux et des institutions comme le mariage quand ils se construisent sous les conditions du capitalisme (à travers la dépendance directe ou indirecte au travail salarié), du patriarcat (notamment les différents types de violence faites aux femmes) et de l’héritage de l’esclavage (entendu comme une histoire d’exploitation, de coercition et de violence que l’abolition n’a pas annulée). Plus précisément, ce texte offre d’écouter autrement des chansons qui sont souvent perçues comme incarnant un discours de soumission ou (à l’inverse), comme obscènes. Cette histoire peut ainsi éclairer, à près d’un siècle d’écart, un morceau (et un clip) comme « WAP » de Cardi B & Megan Thee Stallion, ainsi que les multiples réactions qu’il a suscitées.
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