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Les Editions Présentes
Audimat 17

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Audimat 17

Catno

AUDIMAT 17

Syndicalisme rap
Dan Charnas traduit par Hervé Loncan

La vie, la mort, la variété
Olivier Cheval

Une écologie du grime
Dan Hancox traduit par Sophian Bourire

La vie avant le zouk
Mylène Mauricrace

Nuances de vintage
Dan Dipiero traduit par Sophie Garnier

Syndicalisme rap
Dan Charnas traduit par Hervé Loncan

Le texte qui suit est extrait d’un livre palpitant de Dan Charnas, longtemps journaliste pour le magazine de référence The Source et l’un des premiers animateurs d’une émission de radio consacrée au rap à Los Angeles. The Big Payback entrelace les destins d’exception, à la manière d’autres best-sellers musicaux américains comme The Wrecking Crew de Kent Hartman (sur les rats de studios de Los Angeles devenus célèbres à leur tour). Mais il fait aussi la place à des personnages sinon plus discrets, en tout cas moins connus. C’est le cas de Wendy Day, qui a joué un rôle décisif dans les carrières de certaines des plus grandes stars du rap : Master P et le label No Limit, Eminem et l’équipe de Cash Money. Sa carrière est riche en rebondissements et justifie à elle seule la traduction d’un extrait du livre, mais ce récit réserve d’autres surprises : à l’heure où les conversations abondent sur la signification de l’indépendance et du rapport aux majors dans le rap, le rôle, la méthode et les ambitions de Wendy Day pour la défense des intérêts des rappeurs à travers la Rap Coalition constituent un précédent (et un modèle ?) fascinant.

La vie, la mort, la variété
Olivier Cheval

Nous avons découvert Olivier Cheval dans les pages de Lundi Matin, où il a écrit sur le chemsex et le pass sanitaire, et de l’excellente revue de cinéma Débordements, où ses réflexions sur la cinéphilie sont tressées d’anecdotes personnelles et de scènes d’amitié. Nous nous sommes dit que ce jeune homme avait du talent et que décidemment les personnes qui s’intéressent au cinéma étaient souvent plus à l’aise pour écrire en partant de leurs vies. À notre invitation ouverte, il a répondu avec un texte qui met le doigt sur des épiphanies sentimentales et confuses, qui apparaissent d’abord comme ses histoires à lui, mais qui ont aussi été les nôtres à l’écoute des mêmes chansons de variet’ — un répertoire qu’il nous fallait bien aborder tôt ou tard dans ces pages, au-delà du seul cas de Céline Dion (voir Audimat 3). Il y a dans ce texte toute la magie de l’exercice de l’essai, qui rend soudain évidente et partageable une expérience qui paraissait jusqu’alors irrémédiablement nébuleuse et subjective.

Une écologie du grime
Dan Hancox traduit par Sophian Bourire

On peut parler du rap en faisant défiler le set de vignettes Panini à l’effigie des stars ou en faisant un commentaire sportif sur le tournoi entre capitales. Mais on peut aussi imaginer quelque chose comme son écologie. C’est particulièrement bienvenu pour un style comme le grime anglais. Celles et ceux qui ont connu la déflagration de sa première vague au milieu des années 2000 le savent : il y a une énergie dans cette musique qui ne peut être que le résultat d’une invention et d’une discipline collectives, impossible à réduire à des personnalités, même quand elles sont aussi singulières que celles de Wiley ou Dizzee Rascal. Cette énergie que Rob Gallagher a bien décrit dans un précédent numéro (Audimat 11) sous l’angle de l’agressivité ludique, Dan Hancox la ramène ici à ses fondations, à un milieu dense et favorable, dans lequel les tours de logement insalubres sont plus qu’un décor, mais ne sont qu’un point de la carte aux côtés des cours de récré et des plateformes vidéo, des centres culturels de quartier et des radios pirates. Il décrit ainsi les conditions qui auront permis l’existence de cet « âge de glace » du rap anglais, un moment qui aura laissé comme une brûlure dans son histoire et dont la marque n’est pas prête de s’effacer.

La vie avant le zouk
Mylène Mauricrace

Mylène Mauricrace est une jeune chercheuse à l’EHESS, où elle étudie l’histoire des femmes de la diaspora antillaise, et une créatrice/animatrice d’émissions de radio ( Histoires De et Musiques Hybrides sur Radio Campus Paris). Elle fait ici le lien entre ses deux passions. À l’heure où les diggers ont commencé la surenchère pour l’acquisition des disques antillais les plus rares et tandis que nous sommes bercés par les récits des circulations entre la Jamaïque, Londres et le Nord de l’Angleterre qui ont fait les grandes heures du dub ou du reggae, nous sommes bien en difficulté quand il s’agit de toucher du doigt l’ambiance des fêtes qui ont agité les mairies et salles de bal des 14e et 18e arrondissements de Paris, et qui ont préparé l’invasion du zouk. Mauricrace nous invite donc à apprécier le tempo particulier de la kadans qui l’a précédé. La polyphonie et le souci de transmission du groupe-orchestre la Perfecta ont notamment laissé leur empreinte sur ce texte où les réminiscences sonores s’entrecroisent avec les souvenirs d’enfance.

Nuances de vintage
Dan Dipiero traduit par Sophie Garnier
La nostalgie est devenue un leitmotiv de la critique musicale, d’autant plus depuis les médiations de Simon Reynolds (avec Retromania) sur le crépuscule d’un certain modernisme populaire. Nous avons déjà publié une critique de ces réflexions (voir Audimat 5), qui cherchait à prendre de la distance avec l’analyse de la nostalgie comme symptôme d’une impuissance politique, pour nous inviter à mieux saisir la façon dont différents artistes font fonctionner la nostalgie de façon plus ou moins singulière. Reynolds lui-même a décrit comment le label Mordant Music travaillait la nostalgie de manière intéressante, tandis que Mark Fisher a écrit de belles pages sur les spectres qui hantent les morceaux de Burial. S’il n’est pas si étonnant de trouver des mises en forme passionnantes de la nostalgie dans les musiques électroniques, dans la mesure où elles entretiennent une relation particulière avec l’idée de futur, on peut se demander ce qu’il en est pour le rock indé, le grunge ou la pop, a priori beaucoup plus attachés à l’urgence et à l’intensité du présent. C’est ce que fait le musicologue américain Dan Dipiero, qui s’intéresse à la façon dont les années 1970, 1980 et 1990 s’incarnent toutes différemment dans la pop et le rock d’aujourd’hui. Il en profite pour poursuivre sa réflexion (voir Audimat 13) sur les effets esthétiques de l’expérience de la dette et la précarité dans laquelle elle entraîne une partie de la jeunesse américaine. À l’écoute de chouchous de la presse américaine comme Soccer Mommy ou beabadoobee, Dan Dipiero nous invite à faire la différence entre souvenirs et fantasmes, et nous révèle comment l’apparent consensus du revival années 1990 masque un conflit de génération majeur.

10€*

*Taxes included, shipping price excluded

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Homoerotic poetry and art appear throughout the world’s civilizations for millennia. The Archaeology of Eros, the first published collection of poems from cult music figure Jorge Socarras, taps into that continuum together with the collaboration of acclaimed artist Mel Odom. Each body of work representing a lifetime reflecting on and celebrating homoerotic desire and romantic sensibility, Socarras’ intimate love poems and Odom’s evocative drawings are beautifully juxtaposed in this elegantly designed book. Straddling the sensual and the archetypal, the contemporary and the classical, poetry and art join forces in exploring the mystery and wonder of Eros, affirming that same-sex desire has lived before even as it flourishes now. Jorge Socarras is known for his 1970s collaboration with pioneering synthesizer musician Patrick Cowley as the duo Catholic, as singer-frontman of the 1980s avant-rock group Indoor Life, and as half of the ongoing musical duo Fanatico X. He was also cofounder of the Silence=Death Collective, the AIDS activist group that in 1987 created the eponymous poster design and slogan. Mel Odom’s award-winning art has graced numerous book covers and magazines since the 1970s, has been the subject of two books, and has been exhibited in galleries and art institutions, including in collaboration with gay literary icon Edmund White. The Archaeology of Eros is the first creative collaboration between longtime friends Socarras and Odom. A portion of sales proceeds will go to the Visual Aids organization.
SOMMAIREAdam Harper « Yuppies versus Hipsters : l’underground d’hier et d’aujourd’hui »Lelo Jimmy Batista« Thrash-Metal, orgies pop et gesticulations outrées :manifeste de l’immodéré et du déraisonnable »Guillaume Heuguet« Musique numérique : pour quoi faire ? »Johan Palme« La world n’est plus de ce monde »Quentin Delannoi« La "nébuleuse Drexciya" : une musique conceptuelle ? »Agnès Gayraud« Faustus et moi : L’inauthenticité de la popTristan Garcia« Les rouleaux de bois »(nouvelle)
Vintage american prints 55 x 170 cm
100 pages21 x 14.8 cmLanguage: FrenchSoftcoverEdition of 150 numbered copies2023MIKA971 est un sans-abri parisien qui déambule sur le pavé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Son parcours démarre de Strasbourg-Saint-Denis vers Réaumur-Sébastopol, à Châtelet-les-Halles, il bifurque jusqu’à Bastille, passe par Filles-du-Calvaire jusqu’à République et termine au bord du canal Saint-Martin près de Jacques Bonsergent. Les jours passent et se ressemblent. Il organise sa vie autour d’une routine rigide pour éviter de trop penser et garder la tête hors de l’eau. Il s’agit de trouver à manger, trouver des vêtements, trouver une douche, trouver un coin de rue où squatter, trouver un itinéraire où mendier, trouver un endroit où dormir... Et déjà une nouvelle journée qui recommence. Il semble vivre de petites choses et se débrouille comme il peut depuis toujours malgré la rue et les galères. Malheureusement, son vocabulaire parle de « modous » et de « galettes ». Chaque soir, la pipe à crack de notre protagoniste s’allume dans la nuit, caché au fond d’une sanisette malodorante. Alors qu’il plane dans ce lieu lugubre, il attrape un marqueur indélébile noir et devient le tagueur obsessionnel que l’on retrouve dans pratiquement toutes les sanisettes de Paris.
Liquider l’utilisateurSilvio LorussoMes années TikTokMarlowe GranadosPolitique du scrollRob HorningHubert GuillaudUn monde inexplicableFacebook n’apprend jamais rienKaren HaoLiquider l’utilisateurSilvio LorussoDans cet essai, l’artiste, designer et critique italien Silvio Lorusso souhaite répondre à la question suivante : quelles sont les conditions pour que l’utilisateur.rice/usager. ère d’un ordinateur puisse échapper à la routinisation de son comportement ? Pour répondre à cette question, Lorusso nous propose une traversée de l’histoire de l’ordinateur personnel et du web, de l’émergence d’Apple à l’utilisation massive de l’intelligence artificielle. Il offre un éclairage critique et opportun sur le jargon qui compose le quotidien des personnes qui font des ordinateurs, logiciels et applications leur travail, ou qui fréquentent tout cela à n’importe quel titre : « usagers », « user-friendliness », « persona », « user journeys », « behavioral patterns »... En somme, l’article fournit une analyse fine de l’évolution de nos capacités à faire des choix, à créer des capacités d’actions, à négocier, contourner et refuser certains usages des technologies afin de continuer à créer avec un ordinateur, un navigateur ou un ensemble d’applications. De par la clarté de son objectif (sauver une certaine idée de l’autonomie), sa méthode généalogique et sa radicalité, l’essai de Lorusso est appelé à devenir un texte de référence.Mes années TikTokMarlowe GranadosCe texte personnel de Marlowe Granados, autrice d’un récent roman d’initiation dans les milieux mondains new-yorkais (Happy Hour), nous a touché par sa capacité à nous faire ressentir la rencontre d’une presque trentenaire avec le réseau social TikTok. L’autrice montre que malgré sa nouveauté, tant les productions que les mécanismes qui sous-tendent la plateforme ne sont pas si nouveaux — bien qu’ils déplacent le fonctionnement classique des médias et donnent une image bien particulière des standards de beauté. Granados va puiser dans une multitude de références de la pop culture pour montrer les ressemblances et dissemblances avec l’histoire culturelle qui l’ont fait grandir : MTV , les boys band japonais, les séries des années 1990... On apprécie le regard tendre qu’elle pose sur le brio, la nonchalance et le désir d’authenticité qui font le charme de la créativité adolescente. Moins perfectionniste qu’Instagram, plus loufoque que Facebook et Twitter, TikTok apparaît alors surtout comme un espace de célébration du banal, des boucles de déjà-vu et de l’ennui des suburbs américaines.Politique du scrollRob HorningAprès avoir longtemps travaillé pour le média en ligne américain The New Inquiry, Rob Horning est désormais le rédacteur en chef du magazine – en ligne lui aussi – Real Life, qui rassemble des essais percutants de critique culturelle des technologies et dont est issu ce texte. Il est assez actif sur Twitter et Tumblr, et en même temps l’un des critiques les moins complaisants et les plus subtils des schémas économiques et comportementaux de ce type de plateformes. Il les analyse à grand renfort d’aphorismes percutants, à partir d’une culture nourrie par la théorie critique du siècle dernier autant que la critique culturelle et littéraire dernier cri. L’article qui suit constitue d’abord un contrepoint à la lecture de TikTok par Marlowe Granados. Il se concentre moins sur celles et ceux qui s’y donnent en spectacle qu’aux gestes de consultation. À l’éloge du divertissement ordinaire de Granados répond ainsi sa description du côté obscur d’une certaine « moralité du fun ». Vous y lirez surtout une perspective rare : plutôt que la critique moraliste de notre « manipulation par les algorithmes », une compréhension de la façon dont TikTok vise l’automatisation de nos activités de consommation, jusqu’à réorienter notre manière de désirer et de satisfaire notre curiosité.Hubert GuillaudUn monde inexplicablePour ce premier numéro, nous avions envie d’inviter Hubert Guillaud, qui réalise un important travail de veille pour le site InternetActu, un média édité par la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING). Son travail embrasse une vaste quantité de cas d’école de la numérisation des pratiques sociales. Sur la méthode, ses textes associent le compte-rendu des travaux en sciences sociales, y compris les plus critiques, et la prospective sur les tendances en cours, dans une perspective soucieuse de réforme et de « bonnes pratiques ». Le texte présenté ici témoigne de ces deux projets et de la façon dont les positionnements qui leur sont associés peuvent s’entrechoquer. Il déroule la suite d’une réflexion qu’il avait engagée sur le thème de « l’explicabilité ». Dans un milieu où les mots se succèdent à mesure que les modes passent, ce n’est pas souvent qu’il est possible de tenir ainsi le fil d’une réflexion et de voir ce qu’engendre une position attentive à leur trajectoire dans la durée. En l’occurrence, cette continuité s’accompagne d’un certain pessimisme sur la capacité des acteurs fédérés autour de « l’explicabilité » – comme hier autour de « l’ouverture » ou de la « transparence » – à améliorer quoi que ce soit ; cela pour une multitude de raisons qui vont de l’excessive complexité des calculs à la mauvaise foi et au mensonge sur les procédures de décision. La diversité même de ces interprétations du problème nous permet de prendre un peu de recul sur les idées les plus courantes concernant « ce qui ne va pas » avec les décisions fondées sur la base de statistiques et de méthodes de calcul plus ou moins standardisées. Mais on voit aussi dans cet article combien il ne paraît pas évident, même pour un spécialiste qui prend la mesure des échecs, d’arbitrer entre une attitude soucieuse d’amélioration et la contestation radicale de l’automatisation qui du point de vue de ses conséquences s’avère brutale.Facebook n’apprend jamais rienKaren HaoCet article est paru sur le site MIT Technology Review sous le titre « Comment Facebook est devenu accro au partage de désinformation ». Nous l’avons retitré de façon un peu brutale « Facebook n’apprend jamais rien ». Une manière ironique de souligner l’écart entre les hautes prétentions de l’entreprise en termes « d’apprentissage profond » (l’entraînement de systèmes de calcul et de décisions automatisés à partir de large jeux de données, dits « intelligences artificielles ») et son incapacité à tirer les conséquences de ses échecs répétés dans le domaine de la modération, soit le filtrage des publications considérées comme dangereuses pour leur caractère de mensonge ou de propagande. Il nous semble que dire « Facebook n’apprend jamais rien » n’est pas trop trahir la démarche de Karen Hao, qui a mené l’enquête et en présente les résultats avec une clarté et une vigueur assez rare dans ce domaine. Au-delà des punchlines, l’intérêt de son article réside peut-être dans sa façon de nous faire confiance pour tirer toutes les conclusions de ses constats. Celles-ci concernent les difficultés intrinsèques des méthodes qui consistent à calculer et gérer techniquement ce qui rend un post profitable. Mais elles nous suggèrent aussi que toute tentative pour réguler techniquement ce qui relève de conflits idéologiques, juridiques autant qu’économiques, ressemble fort à un effort pour avancer avec un tank sur des sables mouvants.